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et par conséquent qu’il est affranchi de la puissance paternelle. Cette loi n’existait pas à Rome, parce que le fils ne possédait jamais rien et restait toujours en puissance.

Pour la femme, la loi de Solon se conformait encore au droit antique, quand elle lui défendait de faire un testament, parce que la femme n’était jamais réellement propriétaire et ne pouvait avoir qu’un usufruit. Mais elle s’écartait de ce droit antique quand elle permettait à la femme de reprendre sa dot.[1]

Il y avait encore d’autres nouveautés dans ce code. A l’opposé de Dracon, qui n’avait accordé le droit de poursuivre un crime en justice qu’au γένος de la victime, Solon l’accorda à tout citoyen.[2] Encore une règle du vieux droit patriarcal qui disparaissait.

Ainsi à Athènes, comme à Rome, le droit commençait à se transformer. Pour un nouvel état social il naissait un droit nouveau. Les croyances, les mœurs, les institutions s’étant modifiées, les lois qui auparavant avaient paru justes et bonnes, cessaient de le paraître, et peu à peu elles étaient effacées.


Chapitre IX — Nouveau principe de gouvernement ; l’intérêt public et le suffrage

La révolution qui renversa la domination de la classe sacerdotale et éleva la classe inférieure au niveau des anciens chefs des gentes, marqua le commencement d’une période nouvelle dans l’histoire des cités. Une sorte de renouvellement social s’accomplit. Ce n’était pas seulement une classe d’hommes

  1. Isée, VII, 24, 25. Dion Chrysostome, περί άπιστίας. Harpocration, πέρα μεδίμνου. Démosthène, in Evergum ; in Baeot. de dote ; in Neaeram, 51, 52.
  2. Plutarque, Solon, 18.