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usurpateurs n’osèrent jamais prendre ce titre, ce n’était pas qu’il fût odieux, c’était plutôt qu’il était sacré[1]. En Grèce la monarchie fut maintes fois rétablie dans les villes ; mais les nouveaux monarques ne se crurent jamais le droit de se faire appeler rois et se contentèrent d’être appelés tyrans. Ce qui faisait la différence de ces deux noms, ce n’était pas le plus ou le moins de qualités morales qui se trouvaient dans le souverain ; on n’appelait pas roi un bon prince et tyran un mauvais. C’était la religion qui les distinguait l’un de l’antre. Les rois primitifs avaient rempli les fonctions de prêtres et, avaient tenu leur autorité du foyer ; les tyrans de l’époque postérieure n’étaient que des chefs politiques et ne devaient leur pouvoir qu’à la force ou à l’élection.


Chapitre X

Le magistrat.

La confusion de l’autorité politique et du sacerdoce dans le même personnage n’a pas cessé avec la royauté. La révolution qui a établi le régime républicain, n’a pas séparé des fonctions dont le mélange paraissait fort naturel et était alors la loi fondamentale de la société humaine. Le magistrat qui remplaça le roi fut comme lui un prêtre en même temps qu’un chef politique.

Quelquefois ce magistrat annuel porta le titre sacré de roi[2] Ailleurs le nom de prytane[3], qui lui fut conservé, indiqua sa principale fonction. Dans d’au-

  1. Sanctitas regum, Suétone, Jules César, Tite-Live, III, 39. Cicéron, Républ., I, 33.
  2. À Mégare, à Samothrace. Tite-Live, XLV, 5 ; Bœckh, Corp. inscr., 1052.
  3. Pindare, Néméennes, XI.