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CH. II. LA CONQUÊTE ROMAINE.

sabin ; le troisième un nom étrusque. Rome n’était pas une seule ville ; elle était une confédération de plusieurs villes, dont chacune était rattachée elle-même à une autre confédération. Elle était le centre où Latins, Étrusques, Sabelliens et Grecs se rencontraient.

Son premier roi fut un Latin ; le second un Sabin ; le cinquième était fils d’un Grec ; le sixième fut un Étrusque.

Sa langue était un composé des éléments les plus divers ; le latin y dominait ; mais les racines sabelliennes y étaient nombreuses, et on y trouvait plus de radicaux grecs que dans aucun autre des dialectes de l’Italie centrale. Quant à son nom même, on ne savait pas à quelle langue il appartenait. Suivant les uns, Rome était un mot troyen ; suivant d’autres, un mot grec ; il y a des raisons de le croire latin, mais quelques anciens le croyaient étrusque.

Les noms des familles romaines attestent aussi une grande diversité d’origine. Au temps d’Auguste il y avait encore une cinquantaine de familles qui, en remontant la série de leurs ancêtres, arrivaient à des compagnons d’Énée[1]. D’autres se disaient issues des Arcadiens d’Évandre, et depuis un temps immémorial, les hommes de ces familles portaient sur leur chaussure, comme signe distinctif, un petit croissant d’argent[2]. Les familles Potitia et Pinaria descendaient de ceux qu’on appelait les compagnons d’Hercule, et leur descendance était prouvée par le culte héréditaire de ce dieu. Les Tullius, les Quinctius, les Servilius étaient venus d’Albe après la conquête de cette ville. Beaucoup de familles

  1. Denys, I, 85.
  2. Plutarque, Quest. rom., 76.