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CH. XI. RÈGLES DU GOUVERNEMENT DÉMOCRATIQUE.

le peuple. Toutefois il y avait une précaution contre les caprices du sort ou ceux du suffrage universel : chaque nouvel élu subissait un examen, soit devant le Sénat, soit devant les magistrats sortant de charge, soit enfin devant l’Aréopage ; non que l’on demandât des preuves de capacité ou de talent ; mais on faisait une enquête sur la probité de l’homme et sur sa famille ; on exigeait aussi que tout magistrat eût un patrimoine en fonds de terre.

Il semblerait que ces magistrats, élus par les suffrages de leurs égaux, nommés seulement pour une année, responsables et même révocables, dussent avoir peu de prestige et d’autorité. Il suffit pourtant de lire Thucydide et Xénophon pour s’assurer qu’ils étaient respectés et obéis. Il y a toujours eu dans le caractère des anciens, même des Athéniens, une grande facilité à se plier à une discipline. C’était peut-être la conséquence des habitudes d’obéissance que le gouvernement sacerdotal leur avait données. Ils étaient accoutumés à respecter l’État et tous ceux qui, à des degrés divers, le représentaient. Il ne leur venait pas à l’esprit de mépriser un magistrat parce qu’il était leur élu ; le suffrage était réputé une des sources les plus saintes de l’autorité.

Au-dessus des magistrats qui n’avaient d’autre charge que celle de faire exécuter les lois, il y avait le Sénat. Ce n’était qu’un corps délibérant, une sorte de Conseil d’État ; il n’agissait pas, ne faisait pas les lois, n’exerçait aucune souveraineté. On ne voyait aucun inconvénient à ce qu’il fût renouvelé chaque année ; car il n’exigeait de ses membres ni une intelligence supérieure ni une grande expérience. Il était composé des cinquante prytanes de chaque tribu, qui exerçaient à tour de rôle