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CH. IX. NOUVEAU PRINCIPE DE GOUVERNEMENT.

tion fut lente, insensible, inaperçue ; elle n’en fut pas moins complète. Le consulat n’était certainement plus au temps des Scipions ce qu’il avait été au temps de Publicola. Le tribunat militaire, que le Sénat institua en 443, et sur lequel les anciens nous donnent trop peu de renseignements, fut peut-être la transition entre le consulat de la première époque et celui de la seconde.

On peut remarquer aussi qu’il se fit un changement dans la manière de nommer les consuls. En effet dans les premiers siècles, le vote des centuries dans l’élection du magistrat n’était, nous l’avons vu, qu’une pure formalité. Dans le vrai, le consul de chaque année était créé par le consul de l’année précédente, qui lui transmettait les auspices, après avoir pris l’assentiment des dieux. Les centuries ne votaient que sur les deux ou trois candidats que présentait le consul en charge ; il n’y avait pas de débat. Le peuple pouvait détester un candidat ; il n’en était pas moins forcé de voter pour lui. À l’époque où nous sommes maintenant, l’élection est tout autre, quoique les formes en soient encore les mêmes. Il y a bien encore, comme par le passé, une cérémonie religieuse et un vote ; mais c’est la cérémonie religieuse qui est pour la forme, et c’est le vote qui est la réalité. Le candidat doit encore se faire présenter par le consul qui préside ; mais le consul est contraint, sinon par la loi, du moins par l’usage, d’accepter tous les candidats et de déclarer que les auspices leur sont également favorables à tous. Ainsi les centuries nomment qui elles veulent. L’élection n’appartient plus aux dieux, elle est dans les mains du peuple. Les dieux et les auspices ne sont plus consultés qu’à la condition d’être impartiaux