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CH. VII. LA PLÈBE ENTRE DANS LA CITÉ.

lébration duquel la nouvelle tribu ou le dème se réunissait, n’était plus le culte héréditaire d’une ancienne famille ; on ne s’assemblait plus autour du foyer d’un eupatride. Ce n’était plus un ancien eupatride que la tribu ou le dème vénérait comme ancêtre divin ; les tribus eurent de nouveaux héros éponymes choisis parmi les personnages antiques dont le peuple avait conservé bon souvenir, et quant aux dèmes, ils adoptèrent uniformément pour dieux protecteurs Zeus gardien de l’enceinte et Apollon paternel[1]. Dès lors il n’y avait plus de raison pour que le sacerdoce fût héréditaire dans le dème comme il l’avait été dans le γένος ; il n’y en avait non plus aucune pour que le prêtre fût toujours un eupatride. Dans les nouveaux groupes, la dignité de prêtre et de chef fut annuelle, et chaque membre put l’exercer à son tour.

Cette réforme fut ce qui acheva de renverser l’aristocratie des eupatrides. À dater de ce moment, il n’y eut plus de caste religieuse ; plus de priviléges de naissance, ni en religion ni en politique. La société athénienne était entièrement transformée[2].

Or la suppression des vieilles tribus, remplacées par des tribus nouvelles, où tous les hommes avaient accès et étaient égaux, n’est pas un fait particulier à l’histoire d’Athènes. Le même changement a été opéré à Cyrène, à Sicyone, à Élis, à Sparte, et probablement dans beaucoup d’autres cités grecques[3]. De tous les moyens propres à affaiblir l’ancienne aristocratie, Aristote n’en voyait pas de plus efficace que celui-là. « Si l’on veut

  1. Démosth., in Eubul., 54.
  2. Les phratries anciennes et les γένη ne furent pas supprimés par Clitshènes ; mais ils n’eurent plus d’existence officielle ni de valeur.
  3. Hérodote, V, 67, 68. Aristote, Pol., VII, 2, 11. Pausanias, V, 9.