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CH. VI. LES CLIENTS S’AFFRANCHISSENT.

sant, fut pour toujours affaiblie. Cette révolution prépara et rendit plus faciles d’autres changements.


CHAPITRE VI.

LES CLIENTS S’AFFRANCHISSENT.

1o Ce que c’était d’abord que la clientèle et comment elle s’est transformée.

Voici encore une révolution dont on ne peut pas indiquer la date, mais qui a très-certainement modifié la constitution de la famille et de la société elle-même. La famille antique comprenait, sous l’autorité d’un chef unique, deux classes de rang inégal : d’une part, les branches cadettes, c’est-à-dire les individus naturellement libres ; de l’autre, les serviteurs ou clients, inférieurs par la naissance, mais rapprochés du chef par leur participation au culte domestique. De ces deux classes, nous venons de voir la première sortir de son état d’infériorité ; la seconde aspire aussi de bonne heure à s’affranchir. Elle y réussit à la longue ; la clientèle se transforme et finit par disparaître.

Immense changement que les écrivains anciens ne nous racontent pas. C’est ainsi que, dans le moyen âge, les chroniqueurs ne nous disent pas comment la population des campagnes s’est peu à peu transformée. Il y a eu dans l’existence des sociétés humaines un assez grand nombre de révolutions dont le souvenir ne nous est fourni par aucun document. Les écrivains ne les ont pas remarquées, parce qu’elles s’accomplissaient lentement, d’une manière insensible, sans luttes visibles ; révolutions profondes et cachées qui remuaient le fond de la