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CH. III. ABOLITION DE LA ROYAUTÉ.

fait la guerre le moins qu’il peut et passe sa vie dans les temples. Cher aux patriciens, il meurt dans son lit.

Le cinquième roi est Tarquin qui a obtenu la royauté malgré le Sénat et par l’appui des classes inférieures. Il est peu religieux, fort incrédule ; il ne faut pas moins qu’un miracle pour le convaincre de la science des augures. Il est l’ennemi des anciennes familles ; il crée des patriciens ; il altère autant qu’il peut la vieille constitution religieuse de la cité. Tarquin est assassiné.

Le sixième roi s’est emparé de la royauté par surprise ; il semble même que le Sénat ne l’ait jamais reconnu comme roi légitime. Il flatte les classes inférieures, leur distribue des terres, méconnaissant le principe du droit de propriété ; il leur donne même des droits politiques. Servius est égorgé sur les marches du Sénat.

La querelle entre les rois et l’aristocratie prenait le caractère d’une lutte sociale. Les rois s’attachaient le peuple ; des clients et de la plèbe ils se faisaient un appui. Au patriciat si puissamment organisé ils opposaient les classes inférieures si nombreuses à Rome. L’aristocratie se trouva alors dans un double danger, dont le pire n’était pas d’avoir à plier devant la royauté. Elle voyait se lever derrière elle les classes qu’elle méprisait. Elle voyait se dresser la plèbe, la classe sans religion et sans foyer. Elle se voyait peut-être attaquée par ses clients, dans l’intérieur même de la famille, dont la constitution, le droit, la religion se trouvaient discutés et mis en péril. Les rois étaient donc pour elle des ennemis odieux qui, pour augmenter leur pouvoir, visaient à bouleverser l’organisation sainte de la famille et de la cité.

À Servius succède le second Tarquin ; il trompe l’espoir des sénateurs qui l’ont élu ; il veut être maître ; de