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CH. III. ABOLITION DE LA ROYAUTÉ.

hymnes sacrés. Les Spartiates disent que c’est le roi qui commande, parce qu’il tient dans ses mains la religion et les auspices ; mais ce sont les éphores et les polémarques qui règlent tous les mouvements de l’armée[1].

Il est donc vrai de dire que la royauté de Sparte n’est qu’un sacerdoce héréditaire. La même révolution qui a supprimé la puissance politique du roi dans toutes les cités, l’a supprimée aussi à Sparte. La puissance appartient réellement au Sénat qui dirige et aux éphores qui exécutent. Les rois, dans tout ce qui ne concerne pas la religion, obéissent aux éphores. Aussi Hérodote peut-il dire[2] que Sparte ne connaît pas le régime monarchique, et Aristote que le gouvernement de Sparte est une aristocratie.

3o  Même révolution à Athènes.

On a vu plus haut quel avait été l’état primitif de la population de l’Attique. Un certain nombre de familles, indépendantes et sans lien entre elles, se partageaient le pays ; chacune d’elles formait une petite société que gouvernait un chef héréditaire. Puis ces familles se groupèrent et de leur association naquit la cité athénienne. On attribuait à Thésée d’avoir achevé la grande œuvre de l’unité de l’Attique. Mais les traditions ajoutaient et nous croyons sans peine que Thésée avait dû briser beaucoup de résistances. La classe d’hommes qui lui fit opposition ne fut pas celle des clients, des pauvres, qui étaient répartis dans les bourgades et les γένη. Ces hommes se réjouirent plutôt d’un changement qui donnait un chef à leurs chefs et assurait à eux-mêmes un recours et une

  1. Xénophon, Gouv. de Lacédémone.
  2. Hérodote, V, 92.