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LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

il fut enlevé de force, et on ne laissa plus à ces rois que le soin des sacrifices. » Plutarque dit la même chose : « Comme les rois se montraient orgueilleux et durs dans le commandement, la plupart des Grecs leur enlevèrent le pouvoir et ne leur laissèrent que le soin de la religion[1]. » Hérodote parle de la ville de Cyrène et dit : « On laissa à Battos, descendant des rois, le soin du culte et la possession des terres sacrées et on lui retira toute la puissance dont ses pères avaient joui. »

Cette royauté ainsi réduite aux fonctions sacerdotales continua, la plupart du temps, à être héréditaire dans la famille sacrée qui avait jadis posé le foyer et commencé le culte national. Au temps de l’empire romain, c’est-à-dire sept ou huit siècles après cette révolution, il y avait encore à Éphèse, à Marseille, à Thespies, des familles qui conservaient le titre et les insignes de l’ancienne royauté et avaient encore la présidence des cérémonies religieuses[2]. Dans les autres villes les familles sacrées s’étaient éteintes, et la royauté était devenue élective et ordinairement annuelle.

2o  Histoire de cette révolution à Sparte.

Sparte a toujours eu des rois, et pourtant la révolution dont nous parlons ici, s’y est accomplie aussi bien que dans les autres cités.

Il paraît que les premiers rois doriens régnèrent en maîtres absolus. Mais dès la troisième génération la querelle s’engagea entre les rois et l’aristocratie. Il y eut pendant deux siècles une série de luttes qui firent de

  1. Aristote, Pol., III, 9, 8 ; Plutarque, Quest. rom., 63.
  2. Strabon, IV ; IX. Diodore, IV, 29.