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LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

une organisation sociale qui n’avait pour eux aucun bienfait.


CHAPITRE III.

PREMIÈRE RÉVOLUTION.

1o L’autorité politique est enlevée aux rois.

Nous avons dit qu’à l’origine le roi avait été le chef religieux de la cité, le grand-prêtre du foyer public, et qu’à cette autorité sacerdotale il avait joint l’autorité politique, parce qu’il avait paru naturel que l’homme qui représentait la religion de la cité fût en même temps le président de l’assemblée, le juge, le chef de l’armée. En vertu de ce principe il était arrivé que tout ce qu’il y avait de puissance dans l’État avait été réuni dans les mains du roi.

Mais les chefs des familles, les patres, et au-dessus d’eux les chefs des phratries et des tribus formaient à côté de ce roi une aristocratie très-forte. Le roi n’était pas seul roi ; chaque pater l’était comme lui dans sa gens ; c’était même à Rome un antique usage d’appeler chacun de ces puissants patrons du nom de roi ; à Athènes, chaque phratrie et chaque tribu avait son chef, et à côté du roi de la cité il y avait les rois des tribus, φυλοβασιλεῖς. C’était une hiérarchie de chefs ayant tous, dans un domaine plus ou moins étendu, les mêmes attributions et la même inviolabilité. Le roi de la cité n’exerçait pas son pouvoir sur la population entière ; l’intérieur des familles et toute la clientèle échappaient à son action. Comme le roi féodal, qui n’avait pour sujets que quelques puissants vassaux, ce roi de la cité ancienne ne commandait qu’aux chefs des tribus et des gentes, dont cha-