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CH. II. LES PLÉBÉIENS.

en familles isolées qui se partagent la campagne. Chacune de ces familles occupe son canton, où elle a son sanctuaire domestique et où elle forme, sous l’autorité de son pater, un groupe indivisible. Puis, à certains jours, s’il s’agit des intérêts de la cité ou des obligations du culte commun, les chefs de ces familles se rendent à la ville et s’assemblent autour du roi, soit pour délibérer, soit pour assister au sacrifice. S’agit-il d’une guerre, chacun de ces chefs arrive, suivi de sa famille et de ses serviteurs (sua manus) ; ils se groupent par phratries ou par curies et ils forment l’armée de la cité sous les ordres du roi.


CHAPITRE II.

LES PLÉBÉIENS.

Il faut maintenant signaler un autre élément de population qui était au-dessous des clients eux-mêmes, et qui, infime à l’origine, acquit insensiblement assez de force pour briser l’ancienne organisation sociale. Cette classe, qui devint plus nombreuse à Rome que dans aucune autre cité, y était appelée la plèbe. Il faut voir l’origine et le caractère de cette classe pour comprendre le rôle qu’elle a joué dans l’histoire de la cité et de la famille chez les anciens.

Les plébéiens n’étaient pas les clients ; les historiens de l’antiquité ne confondent pas ces deux classes entre elles. Tite-Live dit quelque part : « La plèbe ne voulut pas prendre part à l’élection des consuls ; les consuls furent donc élus par les patriciens et leurs clients. » Et ailleurs : « La plèbe se plaignit que les patriciens eussent