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LIVRE III. LA CITÉ.

il institua les pontifes pour remplacer les rois, quand ceux-ci seraient absents de Rome. » Ainsi le pontificat romain n’était qu’une sorte d’émanation de la royauté primitive.

Ces rois-prêtres étaient intronisés avec un cérémonial religieux. Le nouveau roi, conduit sur la cime du mont Capitolin, s’asseyait sur un siége de pierre, le visage tourné vers le midi. À sa gauche était assis un augure, la tête couverte de bandelettes sacrées et tenant à la main le bâton augural. Il figurait dans le ciel certaines lignes, prononçait une prière, et posant la main sur la tête du roi, il suppliait les dieux de marquer par un signe visible que ce chef leur était agréable. Puis, dès qu’un éclair ou le vol des oiseaux avait manifesté l’assentiment des dieux, le nouveau roi prenait possession de sa charge. Tite-Live décrit cette cérémonie pour l’installation de Numa ; Denys assure qu’elle eut lieu pour tous les rois et, après les rois, pour les consuls ; il ajoute qu’elle était pratiquée encore de son temps[1]. Un tel usage avait sa raison d’être : comme le roi allait être le chef suprême de la religion et que de ses prières et de ses sacrifices le salut de la cité allait dépendre, on avait bien le droit de s’assurer d’abord que ce roi était accepté par les dieux.

Les anciens ne nous renseignent pas sur la manière dont les rois de Sparte étaient élus ; mais nous pouvons tenir pour certain qu’on faisait intervenir dans l’élection la volonté des dieux. On reconnaît même à de vieux usages qui ont duré jusqu’à la fin de l’histoire de Sparte, que la cérémonie par laquelle on les consultait était renouvelée tous les neuf ans ; tant on craignait que le roi

  1. Tite-Live, I, 18. Denys, II, 6 ; IV, 80.