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LIVRE III. LA CITÉ.

présents. Avant toute délibération, le président offrait un sacrifice et prononçait une prière. Il y avait dans la salle un autel où chaque sénateur, en entrant, répandait une libation en invoquant les dieux[1].

Le sénat d’Athènes n’était guère différent. La salle renfermait aussi un autel, un foyer. On accomplissait un acte religieux au début de chaque séance. Tout sénateur en entrant s’approchait de l’autel et prononçait une prière. Tant que durait la séance, chaque sénateur portait une couronne sur la tête comme dans les cérémonies religieuses[2].

On ne rendait la justice dans la cité, à Rome comme à Athènes, qu’aux jours que la religion indiquait comme favorables. À Athènes, la séance du tribunal avait lieu près d’un autel et commençait par un sacrifice[3]. Au temps d’Homère, les juges s’assemblaient « dans un cercle sacré. »

Festus dit que dans les rituels des Étrusques se trouvait l’indication de la manière dont on devait fonder une ville, consacrer un temple, distribuer les curies et les tribus en assemblée, ranger une armée en bataille. Toutes ces choses étaient marquées dans les rituels, parce que toutes ces choses touchaient à la religion.

Dans la guerre la religion était pour le moins aussi puissante que dans la paix. Il y avait dans les villes italiennes[4] des colléges de prêtres appelés féciaux qui présidaient, comme les κήρυκες chez les Grecs, à toutes

  1. Aulu-Gelle, d’après Varron, XIV, 7. Cicéron, ad Famil., X, 12. Suétone, Aug., 35. Dion Cassius, LIV, p. 621. Servius, VII, 153.
  2. Andocide, De myst., 44 ; De red, 15. Antiphon, Pro chor., 45. Lycurgue, in Leocr., 122. Démosth., in Midiam, 114. Diodore, XIV, 4.
  3. Aristophane, Guêpes, 860-865. Homère, Iliade, XVIII, 504.
  4. Denys, II, 73. Servius, X, 14.