Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1864.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
CH. VII. LA RELIGION DE LA CITÉ.

Le peuple ne se réunissait en assemblée qu’aux jours où la religion le lui permettait. On se souvenait que la cité avait éprouvé un désastre un certain jour ; c’était, sans nul doute, que ce jour-là les dieux avaient été ou absents ou irrités ; sans doute encore ils devaient l’être chaque année à pareille époque pour des raisons inconnues aux mortels. Donc ce jour était à tout jamais néfaste : on ne s’assemblait pas, on ne jugeait pas, la vie publique était suspendue.

À Rome, avant d’entrer en séance, il fallait que les augures assurassent que les dieux étaient propices. L’assemblée commençait par une prière que l’augure prononçait et que le consul répétait après lui.

Il en était de même chez les Athéniens : l’assemblée commençait toujours par un acte religieux. Des prêtres offraient un sacrifice ; puis on traçait un grand cercle en répandant à terre de l’eau lustrale, et c’était dans ce cercle sacré que les citoyens se réunissaient[1]. Avant qu’aucun orateur prit la parole, une prière était prononcée devant le peuple silencieux. On consultait aussi les auspices, et s’il se manifestait dans le ciel quelque signe d’un caractère funeste, l’assemblée se séparait aussitôt[2].

La tribune était un lieu sacré, et l’orateur n’y montait qu’avec une couronne sur la tête.[3]

Le lieu de réunion du sénat de Rome était toujours un temple. Si une séance avait été tenue ailleurs que dans un lieu sacré, les décisions prises eussent été entachées de nullité ; car les dieux n’y eussent pas été

  1. Aristoph., Acharn., 44. Eschine, in Timarch., I, 21 ; in Ctesiph., 176, et Schol. Dinarque, in Aristog., 14.
  2. Aristoph., Acharn., 171.
  3. Aristoph., Thesmoph., 381, et Schol. : στέφανον ἔθος ἦν τοῖς λέγουσι στεφανοῦσθαι πρῶτον.