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LIVRE III. LA CITÉ.

CHAPITRE VII.

LA RELIGION DE LA CITÉ.

1o  Les repas publics.

On a vu plus haut que la principale cérémonie du culte domestique était un repas qu’on appelait sacrifice. Manger une nourriture préparée sur un autel, telle fut, suivant toute apparence, la première forme que l’homme ait donnée à l’acte religieux. Le besoin de se mettre en communion avec la divinité fut satisfait par ce repas auquel on la conviait, auquel on ne doutait pas qu’elle ne fût présente, et dont on lui donnait sa part.

La principale cérémonie du culte de la cité était aussi un repas de cette nature ; il devait être accompli en commun, par tous les citoyens, en l’honneur des divinités protectrices. L’usage de ces repas publics était universel en Grèce ; on croyait que le salut de la cité dépendait de leur accomplissement[1].

L’Odyssée nous donne la description d’un de ces repas sacrés ; neuf longues tables sont dressées pour le peuple de Pylos ; à chacune d’elles cinq cents citoyens sont assis, et chaque groupe a immolé neuf taureaux en l’honneur des dieux. Ce repas, que l’on appelle le repas des dieux, commence et finit par des libations et des prières[2]. L’antique usage des repas en commun est signalé aussi par les plus vieilles traditions athéniennes ; on racontait qu’Oreste, meurtrier de sa mère, était arrivé à Athènes au moment même où la cité, réunie autour de son roi, accomplissait l’acte sacré[3].

  1. σωτήρια τῶν πολέων σύνδειπνα. Athénée, V, 2.
  2. Homère, Od., III, 5-9 ; 43-50 : 339-341.
  3. Athénée, X, 49.