Cette enceinte tracée par la religion est inviolable. Ni étranger ni citoyen n’a le droit de la franchir. Sauter par-dessus ce petit sillon est un acte d’impiété ; la tradition romaine disait que le frère du fondateur avait commis ce sacrilége et l’avait payé de sa vie[1].
Mais pour que l’on puisse entrer dans la ville et en sortir, le sillon est interrompu en quelques endroits[2] ; pour cela Romulus a soulevé et porté le soc ; ces intervalles s’appellent portae ; ce sont les portes de la ville.
Sur le sillon sacré ou un peu en arrière, s’élèvent ensuite les murailles ; elles sont sacrées aussi[3]. Nul ne pourra y toucher, même pour les réparer, sans la permission des pontifes. Des deux côtés de cette muraille, un espace de quelques pas est donné à la religion ; on l’appelle pomœrium[4] ; il n’est permis ni d’y faire passer la charrue ni d’y élever aucune construction.
Telle a été, suivant une foule de témoignages anciens, la cérémonie de la fondation de Rome. Que si l’on demande comment le souvenir a pu s’en conserver jusqu’aux écrivains qui nous l’ont transmis, c’est que cette cérémonie était rappelée chaque année à la mémoire du peuple par une fête anniversaire qu’on appelait le jour natal de Rome. Cette fête a été célébrée dans toute l’antiquité, d’année en année, et le peuple romain la célèbre encore aujourd’hui à la même date qu’autrefois, le 21 avril ; tant les hommes, à travers leurs incessantes transformations, restent fidèles aux vieux usages !
On ne peut pas raisonnablement supposer que de tels rites aient été imaginés pour la première fois par Romu-