Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1864.djvu/173

Cette page a été validée par deux contributeurs.
161
CH. III. LA CITÉ SE FORME.

phinien[1] ; les hommes du Pirée, de Phalère et de deux cantons voisins s’unirent de leur côté et bâtirent en commun un temple à Hercule[2]. À la longue cette centaine de petits États se réduisit à douze confédérations[3]. Ce changement, par lequel la population de l’Attique passa de l’état de famille patriarcale à une société un peu plus étendue, était attribué par les traditions aux efforts de Cécrops ; il faut seulement entendre par là qu’il ne fut achevé qu’à l’époque où se plaçait le règne de ce personnage, c’est-à-dire vers le seizième siècle avant notre ère. On voit d’ailleurs que ce Cécrops ne régnait que sur l’une des douze associations, celle qui fut plus tard Athènes ; les onze autres étaient pleinement indépendantes ; chacune avait son dieu protecteur, son autel, son feu sacré, son chef[4].

Plusieurs générations se passèrent pendant lesquelles le groupe des Cécropides acquit insensiblement plus d’importance. De cette période, il est resté le souvenir d’une lutte sanglante qu’ils soutinrent contre les Eumolpides d’Éleusis, et dont le résultat fut que ceux-ci se soumirent, avec la seule réserve de conserver le sacerdoce héréditaire de leur divinité[5]. On peut croire qu’il y a eu d’autres luttes et d’autres conquêtes dont le souvenir ne s’est pas conservé. Le rocher des Cécropides, où s’était peu à peu développé le culte d’Athéné et qui avait fini par adopter le nom de sa divinité principale, acquit la suprématie sur les onze autres États. Alors parut Thésée, héritier des Cécropides. Toutes les traditions s’accordent à dire qu’il réunit les douze groupes en une

  1. Id., Ibid., 14.
  2. Pollux, VI, 105. Étienne de Byz., ἐχελίδαι.
  3. Philochore cité par Strabon, IX.
  4. Thucydide, II, 16. Pollux, VIII, 111.
  5. Pausanias, I, 38.

11