croire de deux Lares, de deux ancêtres, ou de deux foyers.
Ajoutons que cette religion nouvelle avait aussi une autre morale. Elle ne se bornait pas à enseigner à l’homme les devoirs de famille. Jupiter était le dieu de l’hospitalité ; c’est de sa part que venaient les étrangers, les suppliants, « les vénérables indigents, » ceux qu’il fallait traiter « comme des frères. » Tous ces dieux prenaient souvent la forme humaine et se montraient aux mortels. C’était bien quelquefois pour assister à leurs luttes et prendre part à leurs combats ; souvent aussi c’était pour leur prescrire la concorde et leur apprendre à s’aider les uns les autres.
À mesure que cette seconde religion alla se développant, la société dut grandir. Or il est assez manifeste que cette religion, faible d’abord, prit ensuite une extension très-grande. À l’origine, elle s’était comme abritée sous la protection de sa sœur aînée, auprès du foyer domestique. Là le dieu nouveau avait obtenu une petite place, une étroite cella, en regard et à côté de l’autel vénéré, afin qu’un peu du respect que les hommes avaient pour le foyer allât vers le dieu. Peu à peu le dieu, prenant plus d’autorité sur l’âme, renonça à cette sorte de tutelle ; il quitta le foyer domestique ; il eut une demeure à lui et des sacrifices qui lui furent propres. Cette demeure (ναὸς, de ναίω, habiter) fut d’ailleurs bâtie à l’image de l’ancien sanctuaire ; ce fut, comme auparavant, une cella vis-à-vis d’un foyer ; mais la cella s’élargit, s’embellit, devint un temple. Le foyer resta à l’entrée de la maison du dieu, mais il parut bien petit à côté d’elle. Lui qui avait été d’abord le principal, il ne fut plus que l’accessoire. Il cessa d’être