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souvenirs d’une actrice

À notre entrée dans la loge, chacun ne manqua pas de demander quelles étaient ces deux dames élégantes (car on appelait déjà ainsi la toilette la plus simple, surtout en province). On vit bien que ma compagne était Anglaise ; quant à moi, je fus prise pour une chanteuse italienne, ou pour une Française qui rentrait : en cela ils ne se trompaient pas trop. Après nous avoir bien regardées, on s’avisa de penser à ce fichu noué sur le côté, et l’on se mit à crier : « À bas la cocarde blanche ! »

Je me doutais si peu que ces cris s’adressaient à nous, que j’avançai la tête pour voir à qui l’on en voulait. Le propriétaire de la loge, s’apercevant que nous ne nous doutions de rien, vint pour nous prévenir de ce qui se passait. Qu’on juge de notre surprise ! Le parterre regardait cette pantomime assez tranquillement, en voyant mon empressement à dénouer mon fichu ; je leur montrai ensuite que ce n’était nullement une cocarde, et on applaudit à ma docilité. Lorsque je voulus détacher celui de lady Montaigue, les messieurs qui étaient avec nous m’arrê-