été pendus dans une émeute. Depuis assez longtemps je les croyais donc morts, et je leur avais donné tous mes regrets, lorsqu’un jour que j’étais assise au Palais-Royal avec une de mes amies, et que notre attention était fixée à la lecture d’une gazette, je ne remarquai pas tout de suite deux personnes qui s’étaient placées devant moi. En levant les yeux, je les reconnus, et je jetai un cri comme si j’eusse envisagé deux fantômes ; c’étaient Lamothe et Saint-Georges, qui me chanta :
À la fin vous voilà ! Je vous croyais pendus.
Depuis bientôt deux ans qu’êtes-vous devenus ?
— Non leur dis-je, je ne vous croyais pas précisément pendus, mais bien morts, et je vous ai pris pour des revenants.
— Nous le sommes en effet, car nous revenons de loin, me dirent-ils.
Je les revis plusieurs fois encore, mais nous fûmes bientôt tous dispersés. À mon retour de Russie, en 1813, Saint-Georges ne vivait plus, Lamothe était attaché à la maison du duc de Berry. Après