ses, je fus, toute fière de mon savoir, m’en vanter à M. Millin qui se moqua de moi, comme on peut le penser.
— Mais enfin, lui disais-je, les anciens ne prêtaient-ils pas des symboles aux fleurs ? En Allemagne, on attache encore une idée de sentiment à l’arbre planté le jour de la naissance d’un enfant ; il croit avec lui et on s’attriste s’il dépérit ; on se réjouit s’il prospère : il semble qu’une sorte de magnétisme agisse sur ces deux plantes d’une si différente espèce. Combien de fleurs dont les noms nous expriment une pensée ! Un souci, un cyprès, un saule pleureur, ne sont-ils pas l’expression muette de la mélancolie ? Une pâquerette, cette marguerite des champs, est un présage pour les jeunes filles. Le chèvre-feuille peint la persévérance ; une petite Ne m’oubliez pas, se nomme ainsi dans toutes les langues.
— Vous êtes folle, me disait M. Millin, vous vous occupez de niaiseries, plutôt que de choses utiles.
Je me trouvai fort désappointée, et me promis bien à l’avenir de ne plus faire part de mes découvertes à ce sévère professeur.