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en sortant ; mais on lui passait tout, et il en abusait : c’était le fou des reines de la mode.

Lorsque l’approche du printemps ramenait l’époque de Longchamps, c’est alors que le luxe étalait toutes ses merveilles. Cette réunion, bien plus brillante qu’aujourd’hui, était une affaire sérieuse pour les femmes du monde élégant. La noblesse, la robe et la finance formaient trois classes bien distinctes, et les costumes, en voulant même s’imiter, ne se ressemblaient pas.

On faisait une demi toilette pour aller à la promenade. C’était une redingote large et croisée de taffetas, garnie en blonde, la calèche baleinée et le demi-voile pour atténuer le grand jour. L’hiver, la douillette de satin et le capuchon blanc, le manchon ou l’éventail.

On allait au boulevard en voiture, ou s’asseoir aux Tuileries ; on y était bientôt environné de tous les élégants, cette faction d’ennuyés que l’on rencontre partout. On rentrait pour dîner ; si c’était chez soi, on restait en négligé, à moins cependant qu’il n’y eût un bal ou des visites. Alors les coiffures, les ro-