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souvenirs d’une actrice.

rait gardée toute ma vie, si j’avais voulu y rester.

« — Saperbleu, madame, vous chantez joliment ça, me dit-il, j’en ai la chair de poulet. »

Les succès flattent, de quelque part qu’ils viennent, et ce n’est pas celui qui me flatta le moins, car il partait du cœur : c’est pour cela que je m’en vante.

Cette guitare devait être pour moi un talisman dans mon voyage. Elle me fut encore favorable à la Rochelle. M. D…, en me la faisant emporter, eut une prévision bien heureuse.

Comme il habitait la Rochelle, et que j’étais obligée d’attendre la diligence de Bordeaux, il me fit descendre à l’hôtel où elle devait arriver. On ôta de la voiture tout ce qui m’appartenait, excepté mes malles, qui devaient m’être envoyées dans la soirée.

Les garçons, ayant mis dans une salle basse le sac de nuit, la guitare et plusieurs autres bagatelles, ils furent avertir la maîtresse de la maison.

L’hôtesse, élégante et belle dame, me voyant un si mince bagage, n’augura pas beaucoup de mon séjour dans sa maison. Comme il était presque nuit,