Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
souvenirs d’une actrice.

me rappelait nos opéras-comiques, surtout les Trois Fermiers, de Monvel.

Une jeune femme bien fraîche allaitait son enfant : c’était la bru. Une vieille mère, deux jeunes filles, un grand garçon et plusieurs petits enfants, composaient cette belle famille. Il y avait dans tout cela un air de propreté, d’aisance, qui faisait plaisir à voir. Le vieux père était du Languedoc ; il me parla le patois de Toulouse, que j’avais habitée quelque temps.

Nous en revînmes aux difficultés du voyage, à la peine que l’on avait de se procurer les choses les plus simples, et nous demandâmes comment nous pourrions faire pour les acheter.

— Nous ne vendons rien, répondit le fermier, mais si madame veut nous jouer un petit air de c’te machine que j’ai vue dans la voiture : je ne sais pas comment vous appelez ça.

— Une guitare.

— Une guitare, soit. Eh ben, jouez-nous-en un petit brin, et j’vous donnerons des provisions pour votre voyage.