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souvenirs d’une actrice.

pas la force de nous communiquer nos pensées, et nous descendîmes les escaliers comme la belle Isaure descendit ceux du cabinet de la Barbe-Bleue.

— Ah ! mon Dieu ! lui dis-je, où sommes-nous ? Il paraît que c’est une de ces réunions dont nous avions entendu parler et auxquelles nous ne voulions pas croire ; mais qu’allons-nous faire ? S’ils se doutent que nous avons découvert ce secret, ils nous tueront peut-être, pour nous empêcher d’en parler. Partons, car il nous serait impossible de nous contraindre et de conserver notre sang-froid. Il leur suffirait de nous voir un moment pour se douter de la vérité. Mais, comment faire ? partir sans rien dire, c’est aussi dangereux ; je vais écrire.

— Que penseront-ils ?

— Ma foi, ce qu’ils voudront. J’aimerais mieux passer la nuit sur la route que de rester ici ; d’ailleurs on trouve plus de voitures pour retourner que pour venir.

J’écrivis donc que, dans la crainte d’être indiscrètes, et ne voulant point les gêner, nous avions pris