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souvenirs d’une actrice.

Eh ! pourquoi voulez-vous, Romains, qu’on se sépare !
Quelle indigne terreur de votre pame s’empare ?
Voilà donc ces grands cœurs qui devaient tout souffrir !

Ils osent conspirer et craignent de mourir.

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Croyez-vous du péril par là vous délivrer ?

Non, si Néron sait tout, votre impuissante fuite

Ne dérobera pas vos jours à sa poursuite…

. . . . . . . . . . . . . . .

Courez tous au Forum ; moi, d’un zèle aussi prompt,

Je monte à la tribune et j’accuse Néron.
Je harangue le peuple et lui peins sa misère ;
J’enflamme tous les cours de haine et de colère.

À ce vers, les applaudissements, long-temps comprimés, éclatèrent tumultueusement ; puis il se fit tout à coup un grand silence, et l’on semblait frappé de terreur. On laissa continuer la pièce ; mais le lendemain, 9 thermidor, on donna de nouveau l’ouvrage, et les applications furent saisies avec fureur.

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La force ! eh ! qui t’a dit que tu l’aurais toujours ?

. . . . . . . . . . . . . . .

C’est demander la mort que m’inspirer la crainte.

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J’assieds sur l’échafaud mon trône ensanglanté,

Et je veux que toujours le monde épouvanté
Redoute, en me voyant, le signal du supplice,

Et que l’avenir même à mon nom seul pâlisse.

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