Je fus reçue par son gendre, le prince Goudachoff. « Vous ne savez pas, lui dis-je, ce qui m’arrive : vous connaissez une petite pièce jouée par Brun ? et la banqueroute du Savetier. Ce pauvre homme se lamente de ne pouvoir nourrir son enfant et il en trouve deux exposées à sa porte. C’est à peu près mon histoire ; depuis que je n’ai plus rien au monde, il m’est survenu un enfant. — Comment un enfant ? — Hélas ! oui, une jolie petite créature tombée sur la neige comme un oiseau de son nid. »
Il se mit à rire. « Il faut conter cela au maréchal Koutouzoff, me dit-il. — Oui, c’est fort gai ; mais faites-moi le plaisir de me dire ce que je vais faire d’elle et moi ? — Je vais en parler à mon beau-père ; amenez-nous votre petit oiseau. »
J’y allai le même jour. J’avais fait ma petite fille bien jolie pour la présenter à M. de Koutousoff. Pendant que j’attendais, je jetai les yeux sur un livre resté ouvert. C’étaient les poésies de Clotilde. Je lus cette strophe :
Enfançon malheuré
M’est assurance,
Que Dieu m’envoye
Pour être ton pavoi.