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souvenirs d’une actrice.

chambre ; mais en voyant entrer Chénier elle se leva sur son séant, et avançant la main avec grâce, elle lui récita tout le grand couplet d’Agrippine. Le jeune poète était dans une telle extase, qu’il osait à peine respirer, dans la crainte de l’interrompre ; elle avait cessé de parler, qu’il écoutait encore[1].

En rectifiant des faits dénaturés avec tant de malveillance pour Chénier et pour d’autres personnes, on ne s’étonnera pas que je veuille rétablir ceux qui concernent Fusil ; je ne répondrai que par des faits.

Peu d’hommes dans la révolution ont été plus faussement jugés par les uns ou plus souvent calom-

  1. On se demande pourquoi madame de Genlis a écrit que mademoiselle Dumesnil avait eu l’intention de faire à Chénier l’application de ce vers :
    « Approchez-vous, Néron, et prenez votre place, »
    car la révolution commençait à peine, et Chénier n’occupait aucun poste éminent ; il n’avait d’ailleurs d’autre pouvoir que celui que lui donnait sa place à l’institut, celui de solliciter en faveur des artistes retirés ou sexagénaires qui avaient perdu leur pension. Mademoiselle Dumesnil était donc bien loin de vouloir insulter un homme auquel elle avait des obligations.