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souvenirs d’une actrice.

mais dans un fâcheux état. Malgré les contes que nous tirent les domestiques, il est clair que c’étaient eux qui nous avaient volés. Je perdis, pour mon compte, tout ce que j’avais, et mes malles, que j’avais mis sur des voitures appartenant à des officiers, avaient été prises par les cosaques. Il ne me restait plus qu’un coffre sur celle qui venait d’arriver et dans laquelle étaient des châles, des bijoux et de l’argent. Je m’attendais à tout perdre, j’en avais pris mon parti, mais M. de Tintigni me rassura en me disant : « Je vais vous donner un de mes camarades qui, bien que blessé, saura faire aller mes gens. Vous descendrez chaque soir dans les endroits où nous nous arrêterons ; de cette manière, j’espère qu’il ne vous arrivera pas d’accident. Je me reposai à Smolensko toute la journée, et nous ne repartîmes que le lendemain matin.

Le mardi 10 novembre, nous remontâmes en voiture à quatre heures après midi, avec le camarade de M. de Tintigni. « C’est un autre moi-même, me dit-il, vous n’avez plus rien à craindre maintenant. » Il ne se rendait guère justice, en se comparant à ce monsieur, car il y avait une bien grande