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souvenirs d’une actrice.

et d’ailleurs nous avons besoin de la maison ; voilà tout.

— Eh bien, monsieur, puisque vous le prenez sur ce ton, je vous préviens que je ne la quitterai pas, à moins que vous ne m’en fassiez emporter par vos soldats : ce sera un bel exploit !

Il sortit en murmurant des paroles que je n’entendis pas. J’étais furieuse. J’envoyai la femme du concierge m’allumer une bougie. Elle prit un flambeau, et rentra bientôt après en me disant qu’on venait de le lui arracher des mains. Je montai au premier et rencontrai ce bon général Curial, que je ne connaissais pas alors, le meilleur des hommes, mais d’un sang-froid désespérant.

— C’est donc un pillage, lui dis-je, général ! Comment, un de vos officiers vient chez moi pour me mettre à la porte ; on enlève un flambeau dans les mains de ma femme de chambre…

— On va vous le rendre, madame ; quant à votre appartement, comme je n’ai pas de quoi loger tout mon monde, je suis forcé de le garder ; mais rien