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souvenirs d’une actrice.

par un soldat, M. Martinot, excellent garçon, et d’une grande obligeance. Mes petites affaires ainsi arrangées, je mis dans le sac que j’avais à la main, mes bijoux, mon argent, et j’attendis tranquillement ce qu’il plairait à Dieu de décider. « À qui donc sont ces coffres ? dit l’officier qui commandait le quartier. — À moi, monsieur, lui répondis-je. — Eh bien ! madame, vous les abandonnez ainsi ? — Où voulez-vous que je les mette ? je n’ai ni voiture, ni chevaux. — Parbleu ! monsieur (désignant l’officier) en prendra bien une partie. Des effets sont plus utiles à une femme que des matelas à un homme ; d’ailleurs il faut bien s’entr’aider. »

Je me vis donc à moitié sauvée, quoique je perdisse un mobilier considérable et des coffres remplis d’effets. J’abandonnai tout le reste, et laissai le portrait de ma fille dans le coin d’une serre. Je m’en séparai en pleurant, car je prévoyais que je ne le reverrais plus. Combien j’étais fâchée qu’il ne fût pas en miniature !

Nous quittâmes la maison, et bientôt tout devint la proie des soldats. Rien n’était plus triste à voir