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souvenirs d’une actrice.

Enfant chéri des dames,
Des feux toujours nouveaux
Brûlent pour nous les femmes
Du pont des Maréchaux.[1]


Cette mascarade eut un grand succès, et pendant qu’on s’occupait à relire les strophes, nous nous échappâmes pour aller changer de costume.

À minuit, ceux qui avaient un masque sur le visage l’ôtèrent et l’on s’embrassa cordialement en se disant : il faut espérer que cette année sera aussi heureuse ; que nous nous trouverons tous réunis à la même époque, etc.

Lorsque je rentrai chez moi, il était presque jour ; je restai pensive à réfléchir sur cette année 1812 qui commençait. Rien ne pouvait encore faire présager les malheurs qui nous attendaient ! Nous étions gais, heureux en nous quittant. Je ne sais pourquoi, mais en trouvant sous ma main un album dans lequel j’avais l’habitude de jeter mes pensées sans ordre, à l’aventure, j’écrivis presque machinalement :

  1. Le pont des Maréchaux est le quartier des marchandes de modes.