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souvenirs d’une actrice.

nir. Les lettres d’invitation portaient que la réunion aurait lieu à huit heures, et que l’on quitterait son masque à minuit. Il fallait donc s’empresser de bien employer son temps, car il était assez difficile de se déguiser de manière à n’être pas reconnu dans une société où tout le monde se connaissait. Je m’étais concertée pour cela avec un ami de la maison qui avait l’esprit du bal et qui était fort spirituel sous le masque. Nous étions convenus de disparaître et d’aller changer de costume dans le vestiaire qu’on avait établi, aussitôt que l’un de nous deux serait reconnu.

Nous commençâmes par nous déguiser, moi en marchande de chansons, et lui en paillasse ; j’étais mademoiselle Rossignolette. Avant de débiter ma marchandise, il était convenu qu’il l’annoncerait. Pendant quinze jours nous avions mis notre mémoire à la torture pour rassembler toutes les strophes des couplets qui pouvaient s’appliquer aux personnes de notre société. Elles étaient écrites sur d’élégantes petites feuilles de papier et portaient le nom de ceux ou de celles auxquels elles étaient adres-