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souvenirs d’une actrice.

glie[1], dont le mari était un homme d’esprit et de goût. Elle m’écrivit un jour, que voulant me faire rencontrer avec un de mes compatriotes, M. le comte de Lagear, qui revenait de Constantinople, elle m’enverrait chercher à six heures.

Ce genre d’invitation, me parut assez bizarre de la part d’une personne chez laquelle j’étais habituellement reçue. Il est d’usage dans les maisons russes, qu’une fois admis, vous y veniez sans invitation, et l’on vous saurait mauvais gré si vous n’y alliez pas assez souvent : c’est une des vieilles coutumes de l’hospitalité qui se pratique toujours.

À peine arrivée, la comtesse vint à moi, « J’ai tant parlé de vous à M. de Lagear, me dit-elle, je lui ai tant vanté votre extrême complaisance, et vos jolies romances, que je lui ai donné un vif désir de vous entendre.

Je ne trouvai pas cette invitation fort obligeante ;

  1. C’était une princesse russe qui avait épousé le comte de Broglie pendant l’émigration.