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souvenirs d’une actrice.

jour-là pour faciliter la circulation. J’étais logée dans la maison d’un pope[1] ; j’occupais seule un joli pavillon entre cour et jardin. C’était charmant l’été, mais l’hiver, lorsque la neige arrivait à une certaine hauteur, j’aurais risqué d’y rester enterrée comme dans une hutte de Lapons, si l’on ne fût venu la déblayer pour rendre le jour à mes fenêtres.

Ma société se composait d’artistes de tous pays, d’émigrés donnant des leçons, en faisant le commerce. Je veux faire connaître à mes lecteurs les personnes qui composaient ce petit cercle du dimanche : elles en valent bien la peine, et d’ailleurs j’aurai plus d’une fois l’occasion d’en parler. D’abord Fild et mademoiselle Percheron de Mouchi, qui auront plus loin un chapitre à part ; Tonchi, peintre d’histoire, d’un talent distingué, aimable, rempli de gaieté, de trait ; il avait de ces mots piquants qui se retiennent et courent tous les salons. Musicien, comme tous les Italiens, il chantait d’une façon charmante des petits airs de sa composition, en s’accompagnant sur la guitare ; il faisait de jolis contes

  1. Prêtre de la religion grecque.