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souvenirs d’une actrice.

sique expressive ; c’est celle qui influe le plus sur les organes de la multitude, et il n’est pas nécessaire d’être connaisseur pour la comprendre. La romance exige de jolies paroles, une musique simple et analogue au sujet ; elle veut surtout être dite avec expression. J’étais à Moscou lorsque la romance de Joseph me fut envoyée. Je ne puis rendre l’effet qu’elle produisit, de même que l’Émigré montagnard, de M. de Châteaubriand.


Combien j’ai douce souvenance
Du joli lieu de ma naissance !


M. Effimowith avait composé un air simple et touchant, bien adapté aux paroles. Je ne le chantais jamais sans voir couler des larmes : c’était surtout sur mes compatriotes qu’elle produisait le plus d’effet. Ces talents de société sont fort recherchés à l’étranger, où ils ne sont pas en aussi grand nombre qu’en France. J’avais apporté de Paris de la musique nouvelle, qui avait en un grand succès de salon à Saint-Pétersbourg, et par cela même ne pouvait manquer d’obtenir son effet à Moscou. Je devins