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souvenirs d’une actrice.

celle du régiment des gardes était aussi fort belle.

Bientôt arriva la fête de Péterhoff, qui a lieu au mois de juillet, et dont j’entendais parler depuis long-temps. Cette fête, l’objet de la curiosité de tous les étrangers, est une véritable féérie, où la nature est venue en aide à l’art. Ces grottes, ces rochers, semblent appartenir à une île enchantée, tant ils sont éclairés d’une manière savante par des lampions que l’on n’aperçoit pas, et dont la lumière fait scintiller, comme une cristallisation, l’eau qui jaillit de tous côtés, et jusque dans les profondeurs de la grotte ; mais ce que l’on ne peut comparer à rien, c’est une nappe d’eau qui s’élance du haut d’un rocher dans un canal, avec un bruit épouvantable, et forme une voûte sous laquelle on peut passer sans se mouiller. L’illumination que l’on aperçoit à travers cette nappe est d’un effet magique. Une musique de cors russes, dispersée de différents côtés, et cachée par des arbustes, laisse parvenir à l’oreille une harmonie douce et suave.

Lorsque le temps le permet, on fait venir de Saint-Pétersbourg le corps de ballets et les enfants