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souvenirs d’une actrice.

meil, elle ouvrit ses fenêtres, prit sa harpe, et se mit à chanter non-seulement le morceau pour lequel on l’avait vainement sollicitée, mais une foule d’autres, et finit par réveiller tous ses voisins.

La princesse ne parut que lorsque tout le monde fut rassemblé. On servit des mousses de chocolat, des fruits glacés. On se répandit çà et là dans les jardins, au bord des îles. Nous étions alors en juin, le plus joli mois de l’année en Russie, et où il n’y a pas de nuits, le soleil se couchant vers dix heures et demie du soir, le crépuscule commençant à minuit.

Lorsque M. de la Maisonfort, qui était revenu, me ramena en ville, il faisait grand jour. Il fut convenu que dorénavant on m’enverrait une voiture pour me conduire chez ces dames.

Ce fut chez elles que je rencontrai cette charmante princesse Nathalie Kourakine, et le comte Théodore Golofkine, qu’on aimait tant à Paris, et qui ont fait le charme de la société, pendant leur séjour en France. Comme ils recherchaient les artistes et les gens de lettres, on les rencontrait sou-