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souvenirs d’une actrice.

— Ah ! me dit-elle, pouvez-vous rire ainsi quand il y va de notre tête.

— Tout ce qui peut vous arriver, c’est d’être renvoyée en Angleterre ; quant à moi qui suis artiste, on me fera partir pour Paris, mais il y a ici des malheureux pour lesquels j’ai des craintes réelles.

J’attendis le jour avec impatience. Lorsque le crépuscule commença à paraître, je vis entrer un militaire qui venait donner quelques ordres. Sa figure étant douce et prévenante, je me hasardai à l’aborder.

— Monsieur, lui dis-je, on m’a conduite ici sans doute par erreur, car je suis artiste et étrangère à cette ville. J’ai été arrêtée comme anglaise, et cependant il me serait facile de prouver que je ne le suis pas, si je pouvais parler au représentant.

— Cela ne se peut guère, répondit-il, mais on entendra tout le monde à Abbeville, où vous devez être transférées demain.

— Mon Dieu ! mais c’est justement ce que je ne