Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
souvenirs d’une actrice.

m’avait à peine permis de me munir des choses les plus nécessaires. Ah ! me répondit-elle d’un ton emphatique, cette guitare m’est bien nécessaire, car la musique seule calme mes nerfs ; mais j’ai cassé mon mi, et j’attends qu’il fasse jour pour prier un de ces messieurs de m’en procurer un autre. En attendant je vais baisser le ton, et elle essayait, malgré l’absence de son mi, de chanter :

L’infortuné David au pied du saint autel
Par ces mots en pleurant implorait l’Éternel :
Je suis puni, je perds ce que j’adore.

Plusieurs personnes l’ayant priée de se taire, elle se plaignit amèrement de l’injustice et de l’inhumanité des hommes qui voulaient lui ôter la seule consolation qui lui restât. Je quittai cette folle et je fus m’asseoir près de lady Montaigue. Cette pauvre femme pleurait et répétait douloureusement : « Ah ! mé chère, c’est le péroqué qui en est lé cause. » Malgré le malheur de notre situation, je ne pus m’empêcher de sourire, car c’était le perruquier gascon, auteur de cette fatale liste, qu’elle appelait le péroqué.