Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.
136
souvenirs d’une actrice.

M. Pallier dans une boite à momie, qui était dans un coin de la bibliothèque ; alors il me faisait une peur horrible, car il avait véritablement l’air de la momie dont il tenait la place.

Ce pauvre M. Pallier était bien l’être le plus inoffensif, et je ne sais vraiment ce qui lui avait valu les honneurs de la proscription. Plusieurs journalistes furent arrêtés ; d’autres prirent la fuite et furent jugés par contumace. J’en connaissais un qui n’avait pas quitté Paris et qui n’avait pris d’autres précautions que de changer ses cheveux noirs contre une perruque blonde. Comme il avait la peau très brune, cela lui changeait entièrement la figure. C’était une espèce d’original qui, lorsqu’il passait la nuit devant une sentinelle qui lui criait : « Qui vive ! » répondait : « Contumace ! » Il se mettait, à l’Opéra-Comique, à côté de la loge de Fouché, alors ministre de la police, et, malgré cette imprudence, il n’a jamais été inquiété : la fortune couronne l’audace.

Un jour cependant, ennuyé d’être obligé de se cacher, il va chez Fouché, et demande à lui parler en particulier.