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souvenirs d’une actrice.

C’est Garat lui-même qui nous raconta le lendemain cette aventure nocturne.

On a parlé de tant de façons différentes des personnes de cette époque, que je n’en veux rien dire que d’après les rapports directs ou indirects que j’ai eus avec elles, et l’impression que j’ai pu en éprouver.

La musique a le privilège de réunir ceux qui aiment à la cultiver ; elle ouvre la porte des salons aux artistes, et les met en relation intime avec les dilettanti et les amateurs. J’étais accueillie avec une bienveillante amitié dans la maison de madame de P…, qui occupait tout le premier étage des bâtiments qu’on nommait alors les Écuries d’Orléans, rue Saint-Thomas-du-Louvre ; j’y logeais moi-même depuis le départ de mon mari pour l’armée. Je donnais des leçons de chants à mademoiselle de P…, et nous exécutions ensemble des duos, des nocturnes et des romances à deux voix, dans les soirées que donnait sa mère, qui recevait beaucoup de monde.

Je connaissais à peu près toutes les dames de la