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souvenirs d’une actrice.

me l’amener où je serais conduite. Je me jetai sur mon lit, sans me déshabiller, et j’attendis l’événement sans beaucoup de frayeur, persuadée qu’après une explication je ne pourrais être incarcérée long-temps. À deux heures, j’entendis frapper assez violemment à la porte, et des officiers de paix, ou plutôt des membres du comité révolutionnaire, entrèrent dans ma chambre et me dirent en anglais : il faut te lever et nous suivre. Je leur répondis en français, car dans les occasions majeures je n’aime à me servir que d’une langue dans laquelle je puisse comprendre la conséquence d’une phrase qui peut quelquefois avoir une autre interprétation. Je leur répondis que j’étais prête à les suivre, mais que, si c’était comme anglaise qu’ils m’arrêtaient : ils devaient voir qu’ils se trompaient.

« Tu diras tes raisons quand tu seras interrogée, me dirent-ils. »

Les domestiques étaient tellement effrayés de cet appareil militaire, que la femme de chambre, au lieu de m’apporter ma fille, s’était enfuie avec elle dans