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souvenirs d’une actrice.

arabesques en laine de couleur, attachée par une cordelière pareille, fermée par une agrafe en or, les cheveux relevés à la grecque et retenus par un réseau, les écharpes jetées sur les épaules, telle était l’élégance de ces dames à ce beau Tivoli, nommé primitivement Jardin Boutin où l’on payait six francs d’entrée. Il n’y avait ni danses ni consommation ; mais une très bonne musique et un feu d’artifice qui se tirait à minuit.

La grande allée du milieu, plus éclairée que les autres, était bordée de chaises, où toutes les dames formaient un charmant coup-d’œil. Les autres se promenaient au milieu d’un foyer de lumière et d’une musique harmonieuse. Lorsque le feu d’artifice était tiré, on montait en voiture pour se faire conduire au Frascati de la rue de Richelieu, chez Carchi, où l’on prenait d’excellentes glaces dans un fort joli jardin ; on y prenait aussi des fluxions de

    la pièce de Pierre-le-Rouge. Ces péplums à pointe ne se sont guère vus qu’au bal, encore n’étaient-ils pas de bon goût pour les femmes élégantes ; mais il est à remarquer que, lorsqu’on a voulu prendre les costumes de ce temps-là, ce sont toujours ceux des hommes et des femmes ridicules qu’on a adoptés.