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souvenirs d’une actrice.

celle qui l’a précédée. 88 se ressentait encore du contact du règne de Louis XV et des Dubarry par ses modes, sa littérature, bien qu’une jeune reine en eût déjà commencé la réforme. 91 nous transforma en Spartiates et en Romains ; tout nous rappelait les temps antiques, les tableaux de David, les meubles des appartements, les costumes de Talma, le théâtre, où l’on ne jouait guère que des sujets analogues, Brutus, la Mort de César, Manlius, Caïus-Gracchus, Epicharis et Néron ; à l’Opéra, Milthiade à Marathon, Horatius Coclés, etc., etc. Les femmes s’occupaient de l’histoire romaine, dont beaucoup d’entre nous, et moi la première, se souvenaient à peine d’avoir lu un abrégé qui s’était légèrement gravé dans notre mémoire ; mais quand les proscriptions de Marius et de Sylla n’eurent que trop d’imitateurs, nous apprîmes ces siècles par un triste parallèle. Quant aux années 93, 94 et 95, elles traînèrent tant de calamités à leur suite, que chacun ne fut occupé que du soin de sa propre conservation, car on avait à trembler à tout moment pour sa famille, pour ses amis et pour soi-même.