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souvenirs d’une actrice.

Je recevais souvent des lettres de madame Talma. Le besoin d’épancher son cœur dans celui d’une amie avait établi entre nous une correspondance suivie. Avant mon départ, Talma n’était déjà plus un mari fidèle : il se laissait facilement séduire, mais elle l’ignorait. Il était rempli d’égards pour sa femme et lui cachait ce qui aurait pu l’affliger. Ses amis lui en dérobaient la connaissance par la même raison, car du moment qu’elle l’aurait appris, son bonheur eût été détruit. Une personne indiscrète se chargea de ce soin ; elle crut bien faire peut-être ; mais dès ce moment la jalousie s’empara du cœur de cette pauvre femme, incapable de la dissimuler. Les reproches se succédèrent ; les reproches ne ramènent pas celui qui n’a plus d’amour : aussi dès que son mari se vit découvert, il ne se contraignit plus. Cette conduite amena une rupture ; il quitta la maison et fit demander ses meubles ; Julie, si généreuse, si délicate, si désintéressée, se sentit cependant blessée d’une semblable réclamation ; elle lui écrivit que, s’il voulait bien désigner les meubles qu’il avait ap-