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de spectacle qui rivalisait avec Paris ; mais quoique l’Opéra de Bordeaux eût d’excellents chanteurs, on avait toujours donné la préférence aux ballets. La plupart des sujets qui ont brillé dans la capitale s’étaient formés dans cette ville, surtout dans le temps de M. Dauberval, dont la réputation a été européenne. Il avait composé pour sa femme ses plus jolis ballets. Dans la Suzanne du Page inconstant, elle était si ravissante, que personne ne pouvait lui être comparé ; il y avait une telle expression sur sa spirituelle figure, que l’on aurait pu écrire le dialogue de sa scène avec le page, de même que celle de la comtesse avec Marceline.

On venait de défendre le Mariage de Figaro dans toutes les villes de province ; le roi cependant en avait permis la représentation à Paris. Les Bordelais étaient désespérés de ne pouvoir faire représenter sur leur théâtre, un ouvrage dont le spectacle se prêtait si bien à leur goût pour la danse : d’ailleurs ce qui est défendu aiguillonne bien plus la curiosité. M. et madame Dauberval, étant un jour à dîner chez un des premiers négociants de la