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A. ABA.


tation. M. Sc. Ce poste a été emporté à la pointe de l’épée. Peindre à l’huile.

A est plus élégant que par dans certaines phrases. Il ne faut point se laisser prendre a l’apparence, ni à l’éclat trompeur des grandeurs humaines. Fl. Ne vous laissez pas conduire à vos passions. A signifie, selon : A mon avis, ce que vous pretendez.

A, cette lettre s’employe aussi fort souvent pour marquer ce que l’on possède. C’est un homme à carrosse, à équipage.

A se met quelquefois absolument devant l’infinitif de quelques verbes, sans être précédé d’aucun nom qui soit ou exprimé, ou sous-entendu, & alors il se peut résoudre par le gerondif. A voir ses airs dédaigneux ; A tout prendre l’assemblage de ses traits, qui sont beaux en détail, ne fait point une belle personne. Font. C’est comme si l’on disoit, en prenant tous ses traits ensemble. Passer tranquillement la nuit à bien dormir, & le jour à rien faire. Boi. Il y a aussi des occasions où il se peut resoudre par quand, ou lorsque. A ne prevoir rien on est surpris, & à prévoir trop on est misérable. S. Evr. A raconter ses maux souvent on les soulage. Corn. Il se met aussi devant l’infinitif de quelques verbes sans être precedé d’aucun nom exprimé ; il y est seulement sous-entendu : & en ce cas il se peut résoudre par le terme de quoi. Donnez-moi à manger. Servez-nous à dîner. A se met encore devant l’infinitif au lieu de pour. Je suis homme à ne contraindre personne. Mol. Il est d’humeur à se moquer de tout. A bien prendre la chose. A ne point mentir. Il a aussi la même signification de pour devant quelques substantifs, comme, Prendre Dieu à temoin, Prendre quelqu’un à partie.

A se met encore devant l’Infinitif des Verbes, avec un nom substantif, & signifie quelquefois ce que l’on doit observer. C’est une chose à taire : & quelquefois il désigne à quoi une chose est propre, ou à quoi elle est destinée : Bois à brûler : Cela est bon à manger.

A est quelquefois préposition, mais rarement. Il est à la ville, aux champs. Cela est à la mode.

On dit aller à Rome, quand on fait le voyage de Rome. Mais quand on est à Rome, il faut dire aller dans Rome. Les Ambassadeurs vont dans Rome avec un grand équipage. Bou. Quand il s’agit d’une simple demeure ou fixe, ou passagere, on dit à Paris : mais s’il s’agit d’autre chose, il vaut mieux dire dans Paris. Il s’est fait un meurtre dans Londres. On dit, Aller à la Chine, aller au Japon, au Peloponnese, au Perou, au Bresil, au Mexique, à la Caroline, & ainsi de la plûpart des contrées de l’Amerique, contre la regle commune, qui veut qu’aux verbes de mouvement on mette en devant les noms de Province, ou de Royaume, qui sont le terme de mouvement, & à devant les noms de villes ou de petit lieu. Bou.

A est le plus souvent adverbe, non seulement de tems & de lieu, comme, il vint à une heure imprévuë ; Aborder à terre ; mais encore il se joint à presque toutes les phrases adverbiales. Malheur à nous si nous consacrons ces victimes purifiées à la hâte, & sur le point de recevoir le coup mortel. Fl. Etre à couvert, Vivre à discrétion, &c. Car si on y prend garde de près, la plûpart des exemples qu’on donne de son usage pour marquer la préposition, se réduisent à l’article du datif.

A est souvent une particule indéclinable, qui sert à la composition de plusieurs mots, & qui augmente, diminue, ou change leur signification. Quand elle s’y joint, quelques Ecrivains redoublent la consonne ; comme Addonner, Affaire, Attrouper : d’autres retranchent cette seconde consonne comme étant inutile & superfluë.

Il seroit difficile de determiner tous les differens usages de la préposition ou de la particule à. On les remarquera


dans la suite : il s’en présentera des exemples presqu’à toutes les pages.

A A A Les Chymistes se servent de ce signe pour signifier, Amalgamer, Amalgamation, & Amalgame. Voy. Amalgamer.

ABA.

ABACO, subst. masc. Abacus. Ce mot se trouve dans Rouillard pour signifier l’Arithmetique. Les Italiens disent aussi abaco pour exprimer la même chose. C’étoit une petite table polie, sur laquelle les Anciens traçoient des figures, ou des nombres. Elle servoit à apprendre les principes de l’Arithmetique. Ils l’appelloient Table de Pythagore.

ABADA, s. m. Animal farouche du païs de Benguela, dans la basse Ethiopie. Il ressemble à un cheval par la tête & par le crin. Il est un peu moins grand. Sa queuë est pareille à celle d’un bœuf, excepté qu’elle est moins longue. Ses pieds sont fendus comme ceux du cerf, & plus gros. Il a deux cornes, l’une sur le front, & l’autre sur la nuque. Les Negres tuent ces animaux à coups de fleche, pour en prendre la corne, dont ils font un remede.

ABADIR. Terme de Mythologie. C’est le nom d’une pierre que Saturne devora. Car soit parce que son frere Titanus ne lui avoit cedé l’empire du monde, qu’à condition qu’il n’éleveroit point d’enfant mâle ; soit parce que les destinées portoient qu’il seroit un jour détrôné par un de ses enfans, il les faisoit tous périr. Enfin Cybele, ou Ops sa femme le trompa, & lui fit avaler cette pierre au lieu de l’enfant dont elle étoit accouchée. Priscien rapporte que c’étoit aussi le nom d’un Dieu.

ABAJOUR, s. m. Terme d’Architecture, Espece de fenêtre en forme de grand soupirail, dont l’embrasement de l’appui est en talus, pour recevoir le jour d’en haut. Il sert à éclairer les offices & les étages souterrains. Les Marchands ont d’ordinaire un abajour dans leurs magasins ; la lumiere sombre qui entre par là efface moins le lustre de leurs étoffes. On appelle aussi abajour la fermeture en glacis d’un vitrail d’Église ou de dôme, qui se fait pour en raccorder ou reünir la decoration interieure & exterieure.

ABAISSE, s. m. terme de Pâtissier. C’est la pâte qui fait le dessous d’une piece de pâtisserie.

ABAISSEMENT. s. m. Diminution, retranchement de hauteur. L’abaissement de ce mur, qui ôtoit la vûe à cette maison, l’a bien égayée.

Abaissement, se dit figurément en choses morales, pour signifier humiliation, diminution de credit & de grandeur. L’abaissement devant Dieu est le plus necessaire des devoirs Chrétiens. Cette pieuse Princesse travailloit à humilier sa grandeur par des abaissemens volontaires. Fl. On approuve tout ce que disent les Grands par un abaissement interieur de l’esprit, qui plie sous le faix de leur grandeur. Port-R. Le mariage des cadets apporte d’ordinaire de l’abaissement dans les grandes Maisons. P. de Cl.. Les ambitieux veulent exciter des mouvemens de terreur, de respect & d’abaissement sous leur grandeur. Log. L’abaissement de courage est mal-seant à un Philosophe. On s’en sert quelquefois pour exprimer une : diminution ou de merite, ou de reputation. Il dechiroit la reputation de ces grands hommes, comme si leur abaissement contribuoit à sa gloire. Abl. Il signifie aussi un etat d’avilissement, & de misere. Jesus -Christ a paru sur la terre dans un profond abaissement. Ce triste abaissement convient à ma fortune. Rac. Les loix ont voulu que les enfans naturels, qui ont été jettez dans le monde clandestinement, vivent dans la honte, & dans l’abaissement.


ABAIS-