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PREFACE.

des choses à censurer. Il est impossible que l’attention étant partagée sur tant de choses différentes, l’on puisse être toujours exact, & appliqué sur chaque article. Tout n’est pas également travaillé : il y a des articles trop chargez, & d’autres trop stériles. De plus dans le cours de l’impression l’on a quelquefois mal placé, ou transposé les exemples. En inférant de nouvelles observations dans le texte, l’on n’a pas toujours assez pris garde à ce qui precede, & à ce qui suit : on reconnoît la cicatrice, & le discours qui a été rompu est quelquefois mal réuni, & mal rejoint. En un mot les Imprimeurs se sont trompez en bien des endroits à cause du nombre infini d’additions, & de corrections qui les a embarrassez. Je pourrois me deffendre sur la[1] précipitation avec laquelle j’ai été obligé de travailler ; mais cette précipitation n’est tout au plus qu’une excuse, &non pas une raison pour justifier mes fautes. Ainsi bien loin de m’offenser quand on me les fera remarquer, je les corrigerai sans chagrin, & je ferai mon premier censeur à moi-même. J’aurois bien voulu qu’il y eût plus d’uniformité, & que les remarques fussent partagées avec plus d’égalité. Mais comme je n’avois jamais eu en vue de reformer le Dictionnaire de Mr. l’Abbé Furetiere, j’y avois seulement jetté au hazard quelques observations pour mon usage particulier ; & quand je me suis trouvé engagé quasi malgré moi à y mettre la main, j’ai laissé ces morceaux détachez tels qu’ils étoient, parce que je n’ai pas eu le loisir de les distribuer autrement. Je le repete donc encore, je ne pretens point faire mon apologie fur bien dés choses, & je sens par avance que je devrai beaucoup à ceux qui voudront bien m’épargner. C’est proprement de ces sortes d’Ouvrages qu’on peut dire, que les moins défectueux sont les meilleurs, & qu’on doit regarder avec indulgence ce qu’il y a de mauvais, en faveur de ce qu’il y a de bon. On auroit trouvé encor beaucoup plus de desordre, & de confusion, si je n’avois pas été secouru dans une discussion si seche, & si ennuyeuse, & dans un travail si stérile, & si rebutant. J’y ai associé une[2] personne qui a bien étudié la langue, & qui la sçait, non comme on la sçait d’ordinaire, par l’usage seulement ; mais par règle, & par principe. Ses avis m’ont souvent déterminé dans les difficultez, & dans l’embarras du choix, & de l’arrangement.

Je n’ai plus que deux choses à remarquer : l’une regarde l’orthographe. J’ai suivi celle de Mr. l’Abbé Furetiere, qui est

  1. On imprimait à mesure qu’on composoit.
  2. Mr. Huët, Min. Ref.

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